Histoire

Farges : nom reconnu depuis 1337.
Lieu où l’on produisait ou forgeait le fer.
La Société des naturaliste et Archéologues de l’Ain conserve dans ses collections une hache-marteau trouvée au château de Farges. Cet outil avec la « Pierre à Baptiste » (pierre à cupules) témoignent d’une présence humaine dans la commune dès le néolithique.
Farges devrait son origine à un établissement de transformation du minerai de fer.
Vers l’An Mil, une motte féodale s’élevait à Asserans. Elle contrôlait l’ancienne voie médiane qui reliait le passage de l’Ecluse à Genève, et était le chef-lieu d’une seigneurie indépendante.
Au cours du XIIème siècle, le prieuré de Nantua hérita de la seigneurie d’Asserans. Les moines fondèrent l’église et la paroisse d’Asserans qui regroupait les villages de Farges, Airans, Pierre, Ecorans et Collonges et structurèrent les paroisses voisines de Challex et de Pougny.
Les guerres de religions, à la fin du XVIème siècle ruinèrent le village et les bâtiments du prieuré. En 1558 Farges et ses hameaux furent inclus dans la paroisse protestante de Collonges. En 1601, Farges était une paroisse à part entière et incluait Péron. Le temple fut démoli le 2 décembre 1662.
Henri IV rétablit la paroisse catholique de Farges et d’Asserans en octobre 1601. Supprimée à la révolution, la paroisse catholique fut rétablie le 28 août 1808.
Il existait une seigneurie à Farges. Dans la première moitié du XVème siècle, Lambert et Etienne de Ville dit Dorier achetèrent des hommes et des terres à Farges. En octobre 1453, ils reconnaissent tenir en fief du duc de Savoie une maison forte qui est proche du chemin public passant par le village. Au début du XVIème siècle, Barthélémy de Carra acheta la seigneurie. Sa fille Georgine épousa en seconde noce Mathieu de Gribaldi.
En 1583, les descendants de Gribaldi se partagent l’héritage paternel puis en 1742, Joseph de Gribaldi vendit à Claude de Bons ses biens à Farges.
A la fin du XVIIIème siècle, la famille de Bons abandonna la vieille maison forte pour construire à la sortie du village, une nouvelle demeure.
Le comte Lapeyrouse et son épouse achètent le domaine en 1853. La comtesse Napoléone de Montholon, filleule de Napoléon, reconstitue dans le château, près de son boudoir, une chambre dite de l’Empereur, meublée des souvenirs de son parrain, notamment un grand lit surmonté d’une couronne en cuivre et d’un aigle en bois doré garni de rideaux et de dentelles.
Puis, le château est vendu en 1891 au docteur Doleris de Paris.
Occupé par les allemands pendant la guerre, il sera revendu à un privé en 1955.
Source : richesses touristiques et archéologiques du canton de Collonges


Farges, nom reconnu depuis 1337


Les Fargeois/es, habitent ce petit village qui est situé à 510 mètres d’altitude, dans le Parc Naturel Régional du Haut Jura, dans le canton de Thoiry. La commune s’étend sur environ 14 km2 dont la moitié est en forêt, et est peuplée d’un peu plus de 1000 habitants (au recensement de 2018).
Farges se compose d’un chef-lieu, du hameau d’Airans, construit le long de la Vie de l’Etraz, et du hameau d’Asserans où se trouve une motte féodale qui garde encore tous ses secrets.
En montant la route forestière du Col du Sac, ou par les nombreux sentiers balisés, on peut découvrir une pierre à cupules vieille de plus de 5 000 ans, le chalet de Pré Bouillet, le Chalet du Sac, et de nombreux gouffres (la Donde à la Dame, le gouffre des grands Cerfs, le gouffre du Crâne, ou encore le gouffre Bouchet). En prenant de la hauteur, la vue offre un beau panorama sur le bassin lémanique et la chaîne des Alpes.
Pour la grande joie des pêcheurs, la commune est riche de petits ruisseaux peuplés de truites.
Dans le village, on peut admirer l’église, en face la Tour Carré, ancienne demeure des seigneurs de Farges, le château qui reflète aussi tout un pan de l’histoire de la commune, les fontaines, les croix, et quelques anciennes fermes aujourd’hui transformées en habitations.
Farges a su garder son cachet traditionnel et son âme villageoise.


Eglise Saint-Brice

La première église, de plan rectangulaire avec un chœur carré était accolée au presbytère. Elle fut démolie en 1829.
En 1825, le conseil municipal décida de construire une église neuve. Il acheta une parcelle de terrain en 1829 et la nouvelle église fut achevée en 1830.

Une tribune fut ajoutée en 1847 au-dessus de la grande porte et sur toute la largeur de la nef. Un nouveau clocher fut construit en 1905.
Dans leurs ouvrages, les historiens soulignent le mobilier, notamment le maître-autel où l’on remarque un autel et un retable à six colonnes soutenant une corniche et un dais circulaire, en bois et plâtre, peint en faux marbre, ainsi que le tabernacle en bois sculpté et peint. Le maître-autel est l’œuvre de Paul Gazzia. On peut souligner également deux autels latéraux et deux retables. Le visiteur y découvre aussi des toiles dont l’un, « La circoncision du Sauveur » a été offerte à l’église par l’Empereur.

La cloche en bronze fondue en 1853 fut baptisée Honorine et bénite par M Mermod curé de Collonges

Personnages célèbres


Mathieu Gribaldi

Matteo Gribaldi Moffa, plus connu en France et en Suisse sous le nom de Mathieu Gribaldi, est un jurisconsulte et réformateur protestant né vers 1506 à Chieri (Piémont, Italie) et mort en 1564 à Farges.
Matteo Gribaldi est né vers 1506 à Chieri (en français Quiers), ville du Piémont qui appartenait alors au duché de Savoie. Juriste de formation, il enseigne le droit à Pise et à Pérouse.
En 1534, il épouse Georgine Carra (ou Carrat), dame de Farges, dans le pays de Gex alors incorporé au duché de Savoie; il est alors investi châtelain de ce fief. En 1536 les Bernois s’emparent de la contrée qu’ils convertissent au protestantisme.
Gribaldi séjourne l’été à Farges, où il retrouve son épouse qui lui donnera sept enfants. Durant le reste de l’année il enseigne le droit dans différentes universités : Toulouse, Cahors, Valence puis Grenoble. Il retrouve l’Italie lorsqu’il enseigne à Padoue de 1545 à 1548. En 1554, il publie une défense de Michel Servet, le théologien espagnol condamné l’année précédente au bûcher par la Genève calviniste. En 1555 il enseigne à l’université de Tübingen en Allemagne.
En 1556, Gribaldi vend la terre de Pougny, qui dépendait de son fief, à un gonfalonier vénitien qui désirait embrasser la religion réformée, François Micheli. En 1557, le gouverneur bernois le soupçonne de propager ses doctrines dans le baillage de Gex, et l’emprisonne. Mathieu signe une confession de foi et obtient de pouvoir se retirer à Farges.
Gribaldi décède au mois de septembre 1564 en son château de Farges, victime d’une épidémie de peste. Seuls trois enfants survivent à cette épidémie, une fille, Marie, et deux fils, Pompée et Jean-Antoine, lesquels deviendront conseigneurs de Farges en 1601 après le rattachement du pays de Gex au royaume de France.

Napoléone de Montholon

Père : Charles-Tristan de Montholon-Sémonville
Mère : Albine de Vassal
Napoléone née le 18 juin 1816, filleule de Louis Napoléon Bonaparte, (supposée fille de l’Empereur), épouse en 1837 le vicomte Charles-Raoul de Couédic de Kergoualer qui lui donne 3 enfants, puis décède en 1844.
Napoléone se remarie en 1846 avec le comte Léonard- Léonce de Bonfils de Lablénie de Lapeyrouse et lui assure sa descendance avec 7 enfants.
En 1851 le comte Lapeyrouse est muté à Besançon. Napoléone à la recherche d’une demeure de campagne, découvre Farges et y acquiert en 1853 une grosse maison datant du XIVème siècle à laquelle elle va donner l’allure d’un petit château. Le comte et la comtesse vivent 35 ans à Farges où leur dernier fils naît en 1860, et y célèbrent les mariages de 2 enfants.
A Farges, comme à Besançon, le caractère affirmé de Napoléone est bien connu. Elle mène tout son petit monde d’une main de fer tout en sachant faire preuve de gentillesse. Mais le couple est très apprécié de la population.
Napoléone quitte Farges en 1888 pour le midi, afin de se rapprocher de ses enfants. Elle décèdera en 1907 à Aix en Provence.

Pierre Malfant

Pierre Malfant dit Paul Vallès, est né à Digne en 1864.
Directeur des Théâtres de la Scala et de l’Eldorado à Paris, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, il a dirigé auparavant des théâtres de province à Lyon, Grenoble et Dijon. Les grands acteurs du moment : Chevalier, Polin, Gabin, Mistinguette… ont joué dans ses spectacles et revues.
Pierre Malfant cependant, fréquente la région épisodiquement. On le rencontre à Pougny en 1907 où il épouse sa première femme. Après la première guerre mondiale, il vient habiter à Farges. Il est élu maire de la commune en 1924. Actif est novateur, il crée un syndicat agricole de battage, construit des douches à l’école, fonde une cantine scolaire, fait construire les réseaux d’eau potable et la route du Col du Sac. Il use de ses relations au profit de sa commune d’adoption.
Il meurt à Farges le 31 mai 1941.


19 Août 1944

Farges semble endormie par cette chaude journée d’août, lorsque tout à coup, camions, motocyclettes, canons, font halte devant la mairie et la poste.
Farges est alors encerclé. Vers 17 heures, une compagnie de S.S . se dirige vers Asserans accompagnée d’otages. Puis une épaisse fumée noire monte lentement au-dessus du petit hameau, cruellement endeuillé. Asserans brûle, et le double crime commis par les S.S. dans la commune de Farges a touché les 2 frères Paul et Maurice Mathieu, tombés sous les balles des ennemis, dans des circonstances tragiques. Egalement, 6 familles se retrouvent sans abri, sans vêtements, sans outils de travail….
Le 21 août, jour de la libération, les drapeaux tricolores ornent les fenêtres, mais ceux de la mairie de Farges portent un crêpe noir en signe de deuil communal.

Nos anciens se souviennent

Le 17 août, les troupes allemandes brûlent le village de Valleiry.
Le 18 août, ils arrivent à Farges, vers 16h30. Ils se rendent auprès du Maire, Monsieur Charles Jaquinod, pour demander des otages. Celui-ci désigne, avec beaucoup de courage, son fils. Le garde champêtre, Monsieur Berthod, en fera de même.
En définitive, huit otages seront rassemblés :
– Raymond Jaquinod
– Raymond Berthod
– Edmond Bois
– Marcel Sanz
– Albert Luginbulle
– René Morat
– Paul Mathieu
– Monsieur Castin
Vers 18h00, les otages sont emmenés à Collonges, les papiers sont confisqués. Les allemands les obligent à charger une charpente sur un camion, destinée à réparer le pont Carnot que le maquis a dynamité.
Le camion ne s’approchera pas du pont, car le maquis est posté en face.
Les prisonniers finissent le transport à dos d’homme. Aucun incident n’interviendra et les otages sont ramenés à Collonges, puis enfermés dans la Mairie. Mais Paul Mathieu n’est pas du nombre, car les allemands ont commencé leur triste besogne de torture.
Tortures qui dureront jusqu’au lendemain vers 14h00. Alternance de coups, de passages dans le bassin de la fontaine toute proche. Paul avait-il vraiment quelque chose à avouer ? Il est vrai que l’ennemi recherchait Kiki Durand, beau-frère de Maurice, proche du F.F.I. En tout cas, Paul ne parlera pas, faisant preuve de courage exceptionnel.
Le 19 août, vers midi, Monsieur Michaux, Maire de Collonges, obtient des allemands l’autorisation de faire manger les sept otages qui sont toujours enfermés dans la Mairie. Puis, en début d’après-midi, les 2 compagnies S.S. quittent Collonges pour s’installer à Farges. Les otages sont également du voyage. Paul ne reverra pas ses camarades. Il sera martyrisé, jusqu’à ce que mort s’ensuive et enterré sommairement en contrebas du château de Farges.
Vers 17h00, une compagnie de S.S. se dirige vers le hameau d’Asserans.
Les otages chargés sur le véhicule, sont également de la partie. Maurice Mathieu, frère de Paul, pressentant le danger, tente de gagner la Suisse à travers champs. Il emmène avec lui sa femme enceinte et ses frères. Malheureusement, il revient en direction d’Asserans car il a oublié ses papiers pour passer la frontière. Trop tard, les allemands qui encerclent Farges l’on repéré et l’arrêtent aussitôt.
La sinistre besogne des S.S. commence par l’incendie de la maison Durand, qui est également le moulin du village. Puis, la plupart des autres fermes seront incendiées sauf deux.
Durant l’incendie de sa maison, Claudius Gouttry est arrêté, attaché avec Maurice Mathieu qui vient d’être capturé. Et le drame éclate. Claudius, entouré de ses filles en pleurs, qui supplient l’ennemi, est chassé en direction des Poses. Il ne sera pas inquiété. Par contre, Maurice est poussé dans l’écurie en feu. Un allemand l’abat d’une rafale de mitraillette et il sera calciné dans l’incendie.
Dans la soirée, les S.S. regagnent le village, toujours accompagnés des 7 otages. Ces derniers, après quelques nouveaux ennuis, et quelques frayeurs supplémentaires seront finalement libérés.
Dans la nuit du 19 au 20 août, les allemands quittent Farges dans la plus grande discrétion.
Paul 23 ans et Maurice, 21 ans seront enterrés le 25 Août.


Légendes


La Donde à la Dame

Une dame de Farges, très jolie, avait l’habitude de séduire les jeunes hommes du village. Elle habitait la tour carrée, en face de l’église. Les paysans excédés, emmenèrent la dame dans la montagne et la précipitèrent dans un gouffre.

La pierre à Baptiste

Un scieur du village, nommé Baptiste, a découvert une pierre à cupules dans le bois. Il désirait faire éclater la pierre afin d’en récupérer les morceaux, …d’où le nom de Pierre à Baptiste.